Non, l’enfance n’est pas une course…

À peine votre nouveau-né a-t-il poussé son premier cri, que l’on vous demande s’il a réussi à téter. À peine avez-vous trouvé le courage d’affronter, loin de la maternité et de son personnel rassurant, votre rôle de maman, que l’on vous demande si bébé fait ses nuits. Quelques semaines passent, et votre nourrisson devrait s’émerveiller de tout ce qui l’entoure et babiller. Quelques mois passent, et votre bébé devrait se tenir assis, commencer à ramper, dire son premier mot et avoir diversifié depuis longtemps son alimentation.

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À l’aube de ses un ans, il devient urgent que votre enfant marche, parle et commence à montrer un intérêt certain pour la musique et les arts. À 18 mois, bébé devenu grand, devra bien évidemment courir, monter des marches, aborder la motricité fine et pourquoi pas acquérir la propreté diurne. Pour son deuxième anniversaire, notre presque écolier devra connaître plusieurs comptines et jeux de doigts par coeur, reconnaître les couleurs et quelques lettres. On pourra également l’initier à une langue vivante. À deux ans et demi, alors que l’apprentissage de la propreté est un lointain souvenir, que votre enfant parle comme un livre et qu’il dessine des bonshommes avec brio, il faut impérativement qu’il gagne en autonomie. S’habiller, se débarbouiller, mettre la table, ranger ses jouets par couleurs (qu’il maîtrise depuis des mois), boutonner un gilet, seront acquis bien avant la rentrée en maternelle.

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À trois ans, la socialisation, la vie en communauté, les apprentissages nouveaux seront bien évidemment des formalités. Il s’agira plutôt d’entrer doucement dans la lecture et de commencer à aborder le calcul. À quatre ans, alors que l’écriture devient plus aisée et que faire du vélo sans les petites roues est bien acquis, il est de bon ton d’envisager une voire deux activités extra-scolaires. Afin de cultiver le goût de l’enfant pour les langues vivantes (abordées à deux ans , je vous le rappelle), la poterie enseignée en espagnol ou l’origami en japonais peuvent être des pistes à explorer. À cinq ans, il faudra envisager un saut de classe (peut-être même deux) pour votre enfant qui lit avec fluidité, écrit en lettres cursives sans fautes d’orthographe, parle couramment l’anglais, l’espagnol et/ou le japonais, fait du vélo sur les pistes cyclables de la ville en fredonnant des airs de musique classique et fait des additions en attendant que ses poteries cuisent…

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Quand on m’a demandé si ma fille avait tété après son premier cri, c’est un peu gênée que j’ai répondu: « Non… ». Quand on m’a demandé si à huit jours elle faisait ses nuits , j’ai une fois encore répondu : « Non… ». Quand elle peinait à se tenir assise à six mois et ne rampait absolument pas, quand elle faisait ses premiers pas à 19 mois accrochée à sa poussette, j’ai commencé à me dire qu’elle avait peut-être le droit de grandir à son rythme. Quand elle n’arrivait pas à dessiner parce qu’elle voulait tenir le feutre de la main droite, quand elle n’arrivait pas à reproduire des cercles ou des vagues parce qu’elle voulait tenir son crayon de la main droite, quand elle n’arrivait pas à écrire parce qu’elle voulait tenir son stylo de la main droite, j’ai pensé qu’un jour elle accepterait d’être gauchère. Quand elle ne voulait pas apprendre à faire du vélo sans les petites roues parce qu’elle avait très peur de tomber, je me suis dit que, comme tous les enfants, elle y arriverait un jour.

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Du haut de ses six ans, ma fille mange avec appétit et goûte tous les nouveaux aliments, elle parle, se tient assise, marche, court et n’a plus de couches le jour comme la nuit. Elle lit, écrit parfaitement, dessine avec passion, fait du vélo sans petites roues, nage sans brassards, a des amis, va facilement vers les autres et a confiance en elle. Plus personne ne nous demande à quel âge elle a réussi à faire tout cela. La ligne d’arrivée de la course semble avoir été franchie!

À tous ceux qui veulent que nos enfants grandissent toujours plus vite et développent toujours plus de compétences, j’ai envie de dire quelque chose de très simple…

Respectez le développement de l’enfant, son inclination naturelle pour le savoir et sa curiosité. Il ne s’agit pas de gagner une course, mais de prendre son temps afin de s’épanouir et se réaliser.

 

 

 

 

 

A vendredi prochain.

Jnspusm miniature

Anne

14 commentaires

  1. Rien ne sert de courir 😉
    Franchement, arrivé à l’âge adulte (et même avant), on s’en fiche bien de savoir si untel a su lire à 5 ans ou a su faire du vélo sans petites roues à 10 ans.
    Je me souviens toujours de cette petite fille a la crèche qui ne marchait pas à presque 2 ans. Le jour où elle s’est lancé, en quelques jours personne n’aurait su dire qu’elle avait marché plus tardivement que les autres enfants de la crèche. Pareil pour ma fille qui était soit-disant nulle en graphisme en maternelle …

    1. Tu sais quand ma puce n’avait pas encore « découvert » qu’elle était gauchère et qu’elle était « nulle » en graphisme, j’ai pensé à ce que tu avais écrit sur Chupa. j’avoue que ça m’avait rassurée. Aujourd’hui c’est une passionnée de dessin et elle écrit très bien. Je crois que l’on a aussi besoin d’entendre et de lire qu’un enfant a le droit de prendre le temps qu’il lui faut car ce n’est pas vraiment le message majoritaire!

  2. C’est tout à fait ça ! Chacun évolue à son rythme. Mon grand ne fait pas de vélo sans roulettes à plus de 5 ans et a porté des couches la nuit pendant longtemps. Mais il compte très bien et a su faire des choses avant d’autres de son âge. Comme mettre son manteau et fermer la glissière tout seul par exemple. Pareil pour le langage il a eu besoin d’une orthophoniste mais par contre il a eu ses dents tôt et il en a déjà deux « De grand ». Les enfants ne peuvent pas se concentrer sur tout à la fois, ils vont à leur propre rythme. Qui est différent pour chacun. Le plus important est d’être à leur écoute pour leur apprendre quand ils le demandent.

  3. Merci pour cet article! Cela m’a vraiment rassurée, maman d’un petit garçon de 4 ans… On me bassine depuis son entrée en maternelle sur ce qui ne sait pas faire au lieu de l’encourager…

    1. Je ne comprends que trop bien… Ma petite gauchère qui n’arrivait à rien en graphisme est aujourd’hui une excellente élève de CP. Il faut l’encourager et essayer de  » l’entrainer » un peu à la maison pour que le discours négatif de l’école ne lui fasse pas perdre confiance en lui. Courage!

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